Loin du grand méchant loup,
tricotant mes aventures,
dont tout le monde se moque,
dérive le tissu ondulant de ma vie,
l’assiette de porcelaine trône sur la table
la fumée d'un thé vert brûlant m’apaise
le vieux fauteuil chiné sur le balcon
dans la lumière qui se lève ou qui décroît,
j'y pense mon petit monde,
pantoise
grivoise
heureuse
je savoure le sucre miellé
le pain rond à la mie brune,
Ma bouche accueille
tous les arômes du jardin
bribes des instants prochains
le rire de ma mère du haut de son nuage
bras ouverts et sourires béats
derrière ce seul œil
je collectionne les paysages du monde
le tronc torsadé d’un olivier
dedans, dehors,
un petit éléphant bleu tout triste
mesure à l’aune des mercis
trop de mouvement, trop de mobilisation, trop de concessions
un plaisir partagé mouillé de déception,
Surprise, surprise
le son de ma radio en stéréo
défile devant les yeux
chut le noir bandonéon s'est tu
roi du silence
à la nuit de glace
entre fascination et rejet pour le bruit du monde
entendre l’écho inattendu
du roucoulement d'une tourterelle
pose les souvenirs
d’une lune en croissant,
ta main dans la mienne
sur le chemin de feuilles mordorées
un geste, un regard échangé,
ce lien invisible
banal mais tellement vital,
Nous sommes là,
nos regards rieurs
félins attentifs
arrêtés dans leur course,
une main sur ma nuque
sur son épaule
peau à peau
je goûte ses lèvres
boucles d’or
effleurant les frissons
je me laisse gagner par la chaleur
le plaisir de te lire
plongeant sans vergogne, glissant
mes mains sur les monts de sa peau
corps à corps
au plus profond de son intime
pour mieux serrer dans nos bras
avides
présents
vivants
ces soupirs emmêlés
heureux d’être ensemble
dans l’étreinte physique,
Dans un ciel qu'éclaboussent des étoiles
un champ de coquelicots
bercé par le va et vient des vagues
l’eau fraîche du lac au cœur de l’été
emporte les obstacles dans sa cavalcade effrénée
mon corps pavoise
fait barque
s’est détendu
du bout des doigts dorés comme le soleil
sentir dans sa chair fendue en son centre
multipliés à l’infini aux sons enveloppants
dans l'agitation ambiante
son œil de danseur rasant l’horizon
des fleurs de cerisiers,
tous les chants des langues autres,
Mon corps est là
monture rouge de terreur
ou d'impatience presque charnelle
de n'avoir que frôler,
frôler la perfection
fermeture éclair
mon esprit est ailleurs
mes mains s'accrochent
à ce sein rond et lourd au parfum sucré
tout est mêlé
puissant, comme un livre mène à bout de souffle
les espoirs immaculés
dérivent
légers
sacrifiés au muscle d'un velours sévère
qui aux pas lourds du réel
jamais ne s'essouffle
je claque doigts et talons hauts
le petit carnet pour tout noter
j'avoue
le tango doit être criminel,
Le feu de bois crépite
moiré il me toise balaye tout
la bûche incandescente se rit de ma torpeur
ouvre grand tes oreilles
les pépiements des petits emplumés
ouvre un chemin vers ce qui confine au divin
le Requiem de Mozart, de Fauré
un compliment renversant sur le troisième temps
ouvre grand tes yeux
le thé chaud
jupe en froissé frou-frou
l’oiseau de la pluie pointé du doigt
j’écoute la méditation de Thaïs
me dire tout de la vie de mes petits
à l'aube d'une interminable nuit
reflet d'huile de moteur,
Le temps doucement a filé
ronde d’un déjeuner de famille
mes papilles frétillent de plaisir
à la lecture du livre
qui m’est tombé des mains
la prochaine fois j’apporte le scotch
la dernière note timide
murmurée comme un aveu brouillé
aux éclats de rire de l’ange
le sommeil est venu
grandes vagues et petites lames alternées
un instant paresseux
chaud, froid
l'espoir s'achève
flotte encore et persévère
à déchirer nos corps mille pensées s'étoilent
qui soudain éclatent
s'étiolent
filent
reviennent se fracasser
effilochées
lacérées,
la tasse de thé tombe et se brise sur le parquet
la sieste est finie…
mbur - brocauteur 12/24
Collage de mots inspirés des textes de Sei Shônagon, merci Maryse, Bénédicte, Hervé, Catherine, Clotilde, Maria, Christian, Sophie, Marie-Laure, Valérie, Monique, Danielle.
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