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Déambulation dans la lumière

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Loin du grand méchant loup,

tricotant mes aventures,

dont tout le monde se moque,

dérive le tissu ondulant de ma vie,

l’assiette de porcelaine trône sur la table

la fumée d'un thé vert brûlant m’apaise

le vieux fauteuil chiné sur le balcon

dans la lumière qui se lève ou qui décroît,

j'y pense mon petit monde,

pantoise

grivoise

heureuse

je savoure le sucre miellé

le pain rond à la mie brune,

 

Ma bouche accueille

tous les arômes du jardin

bribes des instants prochains

le rire de ma mère du haut de son nuage

bras ouverts et sourires béats

derrière ce seul œil

je collectionne les paysages du monde

le tronc torsadé d’un olivier

dedans, dehors,

un petit éléphant bleu tout triste

mesure à l’aune des mercis

trop de mouvement, trop de mobilisation, trop de concessions

un plaisir partagé mouillé de déception,

 

Surprise, surprise

le son de ma radio en stéréo

défile devant les yeux

chut le noir bandonéon s'est tu

roi du silence

à la nuit de glace

entre fascination et rejet pour le bruit du monde

entendre l’écho inattendu

du roucoulement d'une tourterelle

pose les souvenirs

d’une lune en croissant,

ta main dans la mienne

sur le chemin de feuilles mordorées

un geste, un regard échangé,

ce lien invisible

banal mais tellement vital,

 

Nous sommes là,

nos regards rieurs

félins attentifs

arrêtés dans leur course,

une main sur ma nuque

sur son épaule

peau à peau

je goûte ses lèvres

boucles d’or

effleurant les frissons

je me laisse gagner par la chaleur

le plaisir de te lire

plongeant sans vergogne, glissant

mes mains sur les monts de sa peau

corps à corps

au plus profond de son intime

pour mieux serrer dans nos bras

avides

présents

vivants

ces soupirs emmêlés

heureux d’être ensemble

dans l’étreinte physique,

 

Dans un ciel qu'éclaboussent des étoiles

un champ de coquelicots

bercé par le va et vient des vagues

l’eau fraîche du lac au cœur de l’été

emporte les obstacles dans sa cavalcade effrénée

mon corps pavoise

fait barque

s’est détendu

du bout des doigts dorés comme le soleil

sentir dans sa chair fendue en son centre

multipliés à l’infini aux sons enveloppants

dans l'agitation ambiante

son œil de danseur rasant l’horizon

des fleurs de cerisiers,

tous les chants des langues autres,

 

Mon corps est là

monture rouge de terreur

ou d'impatience presque charnelle

de n'avoir que frôler,

frôler la perfection

fermeture éclair

mon esprit est ailleurs

mes mains s'accrochent

à ce sein rond et lourd au parfum sucré

tout est mêlé

puissant, comme un livre mène à bout de souffle

les espoirs immaculés

dérivent

légers

sacrifiés au muscle d'un velours sévère

qui aux pas lourds du réel

jamais ne s'essouffle

je claque doigts et talons hauts

le petit carnet pour tout noter

j'avoue

le tango doit être criminel,

 

Le feu de bois crépite

moiré il me toise balaye tout

la bûche incandescente se rit de ma torpeur

ouvre grand tes oreilles

les pépiements des petits emplumés

ouvre un chemin vers ce qui confine au divin

le Requiem de Mozart, de Fauré

un compliment renversant sur le troisième temps

ouvre grand tes yeux

le thé chaud

jupe en froissé frou-frou

l’oiseau de la pluie pointé du doigt

j’écoute la méditation de Thaïs

me dire tout de la vie de mes petits

à l'aube d'une interminable nuit

reflet d'huile de moteur,

 

Le temps doucement a filé

ronde d’un déjeuner de famille

mes papilles frétillent de plaisir

à la lecture du livre

qui m’est tombé des mains

la prochaine fois j’apporte le scotch

la dernière note timide

murmurée comme un aveu brouillé

aux éclats de rire de l’ange

le sommeil est venu

grandes vagues et petites lames alternées

un instant paresseux

chaud, froid

l'espoir s'achève

flotte encore et persévère

à déchirer nos corps mille pensées s'étoilent

qui soudain éclatent

s'étiolent

filent

reviennent se fracasser

effilochées

lacérées,

la tasse de thé tombe et se brise sur le parquet

la sieste est finie…

 

 mbur - brocauteur 12/24

Collage de mots inspirés des textes de Sei Shônagon, merci Maryse, Bénédicte, Hervé, Catherine, Clotilde, Maria, Christian, Sophie, Marie-Laure, Valérie, Monique, Danielle.

Sei Shônagon

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